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Au Sommet du Chateau d'Eau

Au Sommet du Chateau d'Eau
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Au Sommet du Chateau d'Eau
19 juin 2009

Old School Test : Sonic The Hedgehog

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     Sonic le Hérisson. Qui ne se souvient pas de cette fébrilité, en déballant la boite de sa megadrive? Et de découvrir ce si fameux hérisson qui fleurissait nos écrans de télévision lors de publicités sévérement couillues? "SEGA, c'est plus fort que toi!"
C'était badass.
Vive Sonic! Vive l'Amérique!


Et Sonic prenait là efficacement le contre pied du plombier bedonnant de Nintendo pataugeant dans ses égouts glauques, avec son monde de briques et son frère consanguin, et aprés tout, hein, personne ne les aime vraiment ces italiens. A part pour un coup vite fait dans une voiture de course, ET ENCORE.
Mais là ou la firme Nintendo soutenait sans vergogne le machisme méditerranéen (Plombier-Tuyau-Phallus),
Sega explose les ventes.

L'histoire est des plus simplistes. Le docteur Robotic (Pegman dans la version originale) décide d'enlever des animaux pour les faire travailler dans ses centrales électriques (Le dernier niveau étant un symbole de la folie psycho-industrielle soulevant le Japon dans les années 90), et Sonic va les sauver pour de l'argent.
Car Sonic est un mercenaire, et non un vulgaire plombier! Engagé par un furet à deux queues (!), Sonic doit traverser la jungle et ensuite un casino pour aller débusquer 278_2
le docteur Robotic dans son usine diabolique et sauver son ami.
Au niveau des ennemis, le bestiaire est lui aussi varié. Vous vous ferez agresser par des crabes ou des abeilles géantes et des robots géants. Las! Une fois débarassés de notre ennemi en lui roulant dessus ou en lui sautant sur la tête, il s'avérera que le robot était controlé par de petits animaux de la forêt!
Sonic peut sauter sur les ressorts rouges ou jaunes pour pouvoir atteindre la fin du niveau qui est presque toujours en hauteur.

Du côté de la difficulté, nous pouvons dire que le jeu est mal dosé. Sans codes secrets, il est presqu'impossible de finir le niveau du labyrinthe dans lequel on se noie!
On peut aussi mourir sur les pics et les monstres!
                                                                                    Le premier niveau du jeu : L'île aux monstres
Autre point négatif : Le personnage du furet à deux queues (!)
, nommé Trevor, n'est pas jouable dans la version finale du jeu! On nous avait aussi annoncé plus d'une quarantaine de niveaux, alors qu'en définitive, il n'y en à que 25. Et nouvelle déception : le niveau secret dont je rêve tous les soirs n'existe pas! Il y avait pourtant des ventilateurs dedans!

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De gauche à droite : Sonic le Hérisson,
Trevor le furet à 2 queues (!) et Sonic le
hérisson.

Les niveaux sont plutôt diversifiés! Vous passerez d'une île avec des monstres à une station dans l'espace. Les musiques sont bien. Attention à la lave! Et aux cascades de lave!
Sonic, lorsqu'il se fait toucher, perd tous ses anneaux qu'il doit récupérer pour finir le niveau!
Trevor vous aidera aussi à battre les boss. Au niveau des bonus, vous les récupérerez dans des télés. Il y a des chaussures qui vous donnent une vie supplémentaire, une tête de hérisson qui vous rend invincible et des étoiles qui vous projettent dans un niveau bonus.

Les Niveaux bonus se passent dans des labyrinthes avec gay_muscle__84_3 des poissons
et des piéges. Vous devrez récupérer une émeraude au centre du labyrinthe
et la revendre pour acheter des bonus.

Astuce : Pour choisir votre niveau pendant l'introduction appuyez sur les touches HAUT BAS GAUCHE DROITE.
Il y a aussi un test-son et sonic peut se battre avec ses poings et les télés donnent plus de bonus.









                                                                                                         
                                                                               
Les étoiles vous envoient dans un niveau bonus

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7 décembre 2008

Boulevard's Bell

Toussaint, Prince des Egouts, Epitre 9

"Si tu mets les pieds dans cette eau, tu meurs instantanément. C'est l'idée la plus stupide que j'aie jamais entendu. De toute maniére, on a pas assez d'alcool pour nous réchauffer."

Cette riche héritiére sortit dignement, une trace de sperme sur le visage.

Les paparazzi riiérent, et chantérent tous en coeur.

"Elle est amoureu-se, elle est amoureu-se!"

"Ca avait échoué, pas seulement à cause de son grand nez rouge qui brillait dans le noir, mais aussi lorsqu'il se rendit compte que ses poings gros comme des têtes de bébés pouvaient lui ouvrir bien des portes."

"S'appeler Lucréce Borgia...c'était autre chose."

                                                                                                                                 

Coming soon...

"Ce type là, il avait du potentiel. C'est bien simple, tout ce qu'il touchait se transformait en or.

Une vraie perle. Il était si fin, si délicat qu'on l'appelait affectueusement Butagaz."

11 août 2008

Waw! What a cool place!

"Tu n'aurais pas vu mon maillot de bain?"
Elle avait posé la question d'un ton monocorde, sans une seule expression sur son visage de mouette. Renard releva un sourcil:
"Tu sais où tu peux te l'enfiler ton maillot de bain?"
Il se leva et tituba, secouant sa bouteille en direction de la fenêtre ouverte:
"Et pourquoi tu ne te jetterai pas par la fenêtre, hein, histoire de crever et de me foutre la paix!"
La fille lança un regard noir à Renard, saisit le cendrier fendu du môtel et le jeta violemment dans sa direction. Renard l'évita, mais perdit l'équilibre et bascula en arriére avec le canapé en cuir.
"Salope! Ma biére!
-Tu perdras plus que ta biére la prochaine fois que tu raméneras ta gueule!"
Renard se redressa en grognant, et se dirigea vers le frigo. L'enseigne du môtel clignotait à la fenêtre, emplissant la petite chambre d'une éphémére lueur rose bavante.
"Y'a pu de mousses! Tout est de ta faute, saleté!"
Renard saisit le réfrigirateur à deux mains et l'envoya valdinguer à travers la piéce.
Mouette battit des ailes violemment, répandant des plumes à travers toute la piéce!
"Ivrogne! Bâtard!"
Quelqu'un cogna violemment au mur. Une voix étouffée résonna de l'autre côté:
"Z'avez pas bientôt fini les gros cons?! j'aimerai bien pouvoir roupiller!"
Renard cracha par terre et regarda le mur décrépi:
"Tu veux te battre, c'est ça?! brailla t-il.
-Oh putain!"
Un bruit sourd, des pas étouffés, le bruit d'une lourde qui claque. Puis on tambourina à la porte de l'appartement.
"Sors de là petite saloperie que je t'apprenne à vivre! Fumier!
On donnait maintenant de grands coups de pieds contre la fragile porte en bois.
"Démerde-toi!, dit Mouette en croisant les ailes. Tu nous as foutus dans la merde avec tes conneries. J'espére bien qu'il va te crever sur le palier."
Renard tenta de se jeter sur elle, mais elle voleta jusqu'au sommet de l'armoire, et balança des criaillements pleins de menaces en se secouant de partout.
Renard jura, fracassa le goulot de la bouteille vide contre le mur et marcha résolument vers la porte.
Les piaillements énervés de Mouette résonnaient dans son dos.
Il allait retirer les dents de l'autre con et s'occuper de son cas aprés. Il aurait tout le temps pour lui apprendre à vivre. Mais d'abord...
Renard déverouilla la porte et la tira vers lui dans un éclair. L'agresseur perdit son équilibre en donnant du pied dans le vide et trébucha en arriére, tombant sur son cul.
Il leva les yeux vers Renard, puis vers le tesson dans sa main. Il reporta le regard sur son visage:
"Re...Renard? C'est bien toi?"
Renard plissa les yeux, dubitatif, mais il ne lâcha pas la bouteille.
"Blaireau? Blaireau?! Ca alors!"
L'empressement des retrouvailles balaya la querelle, et Renard tendit une main à son ancien ami.
"Ca alors, Renard, si j'avais su que c'était toi, je n'aurai jamais...Mais pourquoi tu faisais tout ce bordel d'ailleurs? Tu aura    is pu réveiller les morts!"
Renard baissa les yeux...
"Les morts..."
Blaireau se gratta la tête.
"Excuse moi, mon vieux...Je sais bien que ce n'est jamais bon de remuer les mauvais souvenirs...Nous avons tous beaucoup perdu à cette époque...Crapaud..."
Renard semblait s'être perdu dans ses souvenirs. Blaireau lui posa la main sur l'épaule.
"C'est à cause de ça que tu faisais tout ce vacarme?"
Blaireau tendit un doigt accusateur en direction de Mouette, désormais calmée, qui se lissait les plumes de son bec.
Renard haussa les épaules.
"Ce n'est pas important, mon vieil ami. Mais rentre donc, ne reste pas sur le palier."
renard remarqua la bouteille dans sa mais, comme si c'était la premiére fois qu'il la voyait.
"On dirait bien que j'aurai pu te saigner sans le vouloir..."
Il la jeta négligemment dans un coin de la piéce.
"Je ne t'en veux pas, mon ami. Je ne te voulais pas que du bien en arrivant devant ton appartement."
Renard saisit un coin du canapé, et son ami l'aida à le redresser.
"Va donc nous préparer quelque chose à boire, Mouette, je crois qu'il reste encore une bouteille de vin sous l'évier."
Mouette ouvrit le bec pour répliquer, mais lâcha l'idée. Elle s'éloigna, fiére, vers la petite cuisine encastrée dans le coin de la piéce.
Lorsqu'elle revint avec des verres, les deux amis étaient déjà partis dans une discussion sur le bon vieux temps.
"Et tu te souviens, dis Renard en riant, de ce bon vieux parc du Daim Blanc? Et cette vieille saloperie de balafré? Qu'est-ce qu'on a pu lui mettre dans le museau!"
Blaireau riait en ouvrant la bouteille. Il versa le vin bon marché dans les deux verres sales, et claqua sur l'épaule de Renard. Il leva son verre.
"Aux amis absents!"
Le regard de Renard se perdit de nouveau dans le vague. Puis, il reprit son assurance et afficha un sourire.
"Aux amis absents, fit-il en clignant de l'oeil.
Mouette, vaguement touchée par étalage de beaux sentiments, sentit qu'elle était de trop dans le conversation. Elle s'éloigna poliment pour aller se coucher, laissant les deux amis entre eux.
Lentement, la bouteille se vida, et la nuit passa. L'aube pointait ses premiers rayons à travers les volets défoncés.
"Tu dois vraiment partir?"
Blaireau acquiesca solennellement en remettant son chapeau.
"Je suis VRP, je n'étais que de passage dans le coin. Je m'occupe du secteur d'un ami...absent, j'arrondis les fins de mois..."
Aprés une légére accolade, Blaireau monta dans sa voiture, et s'éloigna vers le ciel rougeoyant. Renard le regarda disparaître à l'horizon, frissona, et rentra en fermant la porte derriére lui.

Quelques jours plus tard, Mouette retrouva le corps sans vie de Renard, pendant lamentablement au milieu de l'appartement.
Il n'y avait que peu de personnes à l'enterrement. Blaireau avait pu reprévenir les anciens amis encore sur terre. Il y avait là Taupe, Belette, Heron et Crécerelle.
Blaireau prit Mouette par l'épaule, et laissa doucement tomber une poignée de terre dans le trou.
Souvenez-vous, murmura le prêtre, reprit en choeur par les animaux présents...
Souvenez-vous...des animaux du bois de Quat'sous.

9 août 2008

Les Contes du Baron Samedi

Chapitre Un : Le joueur de Banjo

Dans le plus petit recoin des espaces marécageux de la louisianne, la fumée s'éléve lentement vers le ciel étoilé. Le marécage est bercé par les bruits de la nuit, et une légére brume recouvre soigneusement les tourbiéres, glisse le long de la lande et remonte vers la cime des arbres pour s'évanouir dans l'obscurité. Le marais est vivant. Pas à la maniére d'une ville, qui voit ses habitnts maussades défiler au travers de gigantesques masures sans but ni convictions, le marais au contraire dégage la chaleur, vive, étouffante, en harmonie avec la vie qui le pénétre, pas brutalement, mais assez sournoisement pour sentir les terribles machoires se refermer.
Le marais vit.

Le petit village de Muddy Creek se niche aux abords de la forêt dense et suintante du bayou. Quelques cabanes en bois disposées au petit bonheur, un chemin de terre et une taverne, voilà ce que les habitants du coin trouvent rassurant. Le vieux MacFiggan titubait le long du sentier, braillant plus que chantant une vieille contine irlandaise qui lui remontait de sa plus petite enfance. Il repensa a sa nounou, et, curieusement, rougit. Il se mit a désirer sur le coup une paire de cafés. Oui, voilà ce qu'il lui fallait. Dans la nuit profonde du bayou, le juge MacFiggan ressemblait à un culbuto absurde vêtu de noir et sumonté d'une perruque blanche. L'obscurité l'enveloppait.
Arrivé devant son porche, se tenant péniblement à la rambarde, il entreprit l'équivalent métaphysique d'une escalade de l'everest une main dans le dos en portant sa femme sur les épaules. Et c'est pendant qu'il cherchait le trou de la serrure que ses clés lui glissérent des mains.
"Hello, msieur MacFiggan!"
Le juge releva prudemment la tête. C'était le gamin. Oh, plutôt un bon gars, dans l'ensemble. Bien aimable, droit comme il faut. Dame, ce n'était pas le coeur qui lui manquait, se disait souvent le reste de la communauté. Mais plutôt...Et suivaient les raclements de gorge et une soudaine admiration pour les chaussures. Le gamin était rêveur, voilà tout. Il ne travaillait pas, et lorsqu'on lui posait la question, il haussait les épaules.
"Pourquoi travailler, msieur MacFiggan, alors que le son de mon banjo est tout ce dont j'ai besoin pour vivre?"
Et il avait souri, d'un grand sourire franc et honnête. Malgré la plupart des gars de son âge qui trainaient dans le coin, il n'était pas né de ce qu'aurait apellé le prêtre "une horreur innomable qui mériterait le bûcher si ça ne tenait qu'à moi". Ce prêtre portait une petite moustache, un petit bouc et était aussi maigre et courbé qu'un roseau en plein blitzkrieg. Les autres habitants ne le suivaient pas, mais compatissaient. Il était juste né quelques centaines d'années trop tard aprés l'inquisition.
Le gamin, lui, présentait un visage relativement normal en opposition a ses camarades qui n'étaient souvent que des rangées de dents lorgnant sur leurs cousines. N'ayant pas le banjo dans le sang, il avait dû lutter dur pour apprendre, et, un beau jour, comme d'habitude, c'est venu. Comme tous ceux qui ne prayiquent pas d'instrument de musique, le juge croyait fermement que le gamin était passé de mauvais à bon, sans ressentir le besoin de voir ce qu'il se passait entre temps.
Il hésita un moment, puis rota. "Salut, Conrad."
Celui-ci sourit de toutes ses dents. Il lui agita la main. Le juge grommela, soudain déssaoulé, ramassa ses clés et rentra retrouver son lit. C'est a moitié endormi, pensant à son horrible femme qu'il n'entendit pas le hullulement sourd, grave et entêtant en provenance du bayou.

Conrad abandonna son attention de la porte du juge MacFiggan et se concentra sur son banjo. "Voyons voir, fit-il surtout pour lui même, ne s'imaginant sans doute pas que quelqu'un perdait son temps à l'écouter, qu'est ce que je pourrais bien jouer pour reposer la tête assoupie du pauvre msieur MacFiggan?"
Et il tenta quelques notes. La suite vint toute seule. Une profonde mélopée s'éleva dans le petit village boueux du fond de la Louisianne. Conrad se balançait machinalement d'avant en arriére, prit le temps de remonter son chapeau de paille et chantonna pour la nuit.

Oooon the blue creek...
there's a waiting maaan
Who lost his mind...

Oooon the blue creek
there's a waiting girl
who lost her mind...

But i can save my soul
By lookin'up the sky
and stop drowning myself
In the blue creek...

Well i'm the boy
and i'm the girl
And i can't stop the sun
shining on my mind...

Profondément pris par sa musique, Conrad n'entendit rien. Rien d'autre que le vent d'été dans les branches et la respiration du marais.

Allongé dans sa cabane, le juge MacFiggan se laissait porter par la musique, entrainé dans un monde bleu et scintillant. Les deux points rouges qui s'allumérent devant son visage ne le firent pas réagir. Il n'eut même pas le temps de hurler quand les mâchoires se refermérent sur lui. C'est en rêvant de sa nounou qu'il fit le premier pas vers l'infini.

Conrad se réveilla en sursaut. Emergeant du rêve dans lequel il s'était enfermé, il se retrouva face à une croix en bois plaquée à cinq centimétres de son visage.
" HERETIQUE!! "
Deux villageois saisirent le prêtre par les épaules, gentiment mais fermement, et le guidérent plus ou moins contre son gré à l'écart. Ce lui-ci gesticulait, se débattant comme un beau diable.
"C'est le démon, le démon!!!"
Il fit un signe de croix de ses mains libres, et siffla en direction de Conrad. Ils disparurent deriére une maison.
Conrad vit qu'un attroupement s'était formé devant la maison du juge Mac Figgan. Il cligna des yeux. Une fille lui sauta dans les bras.
"Oh mon dieu, Conrad, je suis si contente de te voir, c'est affreux!"
Elle serrait Conrad suffisament fort pour l'empêcher de respirer. Celui-ci la repoussa calmement.
"Je ne comprends pas, c'est affreux que tu soies contente de me voir?"
Conrad lui lança un de ses plus grands sourires innocents. La fille se reprit
"Je veux dire, Conrad, fit-elle en détachant bien les syllabes, comme lorque l'on s'adresse à un enfant ou un malade mental, que ce qui est arrivé a monsieur MacFiggan est affreux!"
Elle se rejeta dans ses bras.
"Euh, et qu'est ce qui est arrivé à msieur MAcFigga au juste?"
Il lui caressa machinalement les cheveux.
Elle le lacha et le regarda de ses yeux rouges, s'essuyant négligemment le nez avec sa manche.
"Tu...Tu n'es pas au courant?"
Conrad fit signe que non. Elle le prit par la main et le traîna vers l'attroupement. Conrad regarda la fille. Elle s'appelait Lynette, pour ce qu'il s'en souvenait, et bien, elle  avait franchement l'air de son nom. Elle portait de petites lunettes rondes, ses cheveux tressés en deux nattes partant de chaque côté, et portait un tablier bleu. Conrad se dit qu'elle devait sûrement aimer les contes de fée. Il n'avait pas tort. Il avait rarement tort. Malgré les remarques de son entourage, Conrad arrivait à déterminer précisément le caractére d'un individu par un simple regard. Il devinait là ses passions, ses peurs, ses défauts et ses qualités. Jamais il n'avait eu à connaitre une personne, il savait déjà tout de leur vie avant même qu'elles lui aient adressé la parole. Certains auraient vu ça comme une qualité, lui s'en fichait éperdumment. Il pratiquait l'ataraxie comformément comme tous les vrais rêveurs. Il ne s'intéressait aux gens que par politesse.
Il se tourna rapidement vers les bois. Rien. Pourtant, il lui avait semblé... Lynette le tira par la main, l'arrachant à son observation. Il se laissait guider, si ça pouvait lui faire plaisir.
Lorsqu'ils rejoignirent le groupe, Conrad s'aperçut que les gens avaient tous la mine basse et portaient leurs coiffes entre les mains.
"Monsieur MacFiggan est mort, c'est bien ça?"
Lynette poussa un autre sanglot. Les autres baissérent la tête tristement.
Conrad les écarta et pénetra dans la petite batîsse. Il contempla le lit. Vide. Aucune trace de monsieur MacFiggan. Juste, il trembla légérement, une marque de sang qui coulait du lit, serpentait sous la table et enjambait la fenêtre. Conrad regarda au dehors. Les traces se dirigeaient vers le marais.
"Quelle surprise", pensa t-il a voix haute.

Lorsqu'il sortit de la maison, il remarqua que tous les regards s'étaient tourné vers lui. Interrogateurs et pressants. Ils n'avaient pas osé rentrer dans la maison, se dit Conrad.
Il se gratta la nuque, regarda vers le soleil en se protégeant de son chapeau, et sortit, on aurait pu dire d'un air thêatral, mais Conrad aurait sans doute pensé que Moliére était un poisson, et Racine, par défaut, une variété de sapin.
"Mes amis, Fit-il d'un air sombre, le marais..."

La chaleur cognait dur sur le petit village, et les gens priaient presque pour une légére brise. Ce temps chaud et poisseux convenait parfaitement au prêtre qui, tous les dimanche matin, s'emportait dans des discours d'apocalypse et de démons originaux. Le soleil tapait sur tout le monde, mais en atteignait certains plus qua d'autres. L'été étant presque plus prodigieux que le printemps pour les explorations anatomiques avec sa soeur dans le lit de la riviére, le prêtre sortait souvent en trombe du confessional une croix en bois à la main hurlant pour la rédemption de la communauté responsable, selon lui, de la naissance d'une bonne douzaine d'antéchrists. Conrad en venait presque a envier les croyants qui se rassemblaient tous les dimanche matins sous la chapelle en pierre, froide et souveraine. Non sans avoir rempli les oreilles de leurs enfants d'ouate, que ceux-ci n'entendent pas les grossiéretés du prêtre.
"M'est avis qu'on est bien loin de Dieu, ici", lança Conrad à personne en particulier.
Tu l'as dit, pensa quelqu'un au plus profond des marais.

Mais les jours passérent, plus ou moins tranquillement, et, le vieux juge MacFiggan n'ayant pas de famille, ni personne ne tenant réellement à lui, l'histoire fut vite enterrée. Ou plutôt, en accord avec le coin, engloutie. Conrad avait bien essayé de suivre les traces dans le marais, mais cela ne l'avait mené à rien de bien probant. Les trainées de sang étaient emportées dans la viscosité chaleureuse du bayou. Chacun tenait toujours un peu à l'oeil les alentours, beaucoup se signaient en passant devant la maison du juge, mais même le prêtre en était revenu à d'autres accusations. L'oubli trouve bien vite chaussure à son pied dans un petit village comme celui là.
Conrad essaya de s'imaginer à quoi ressemblait physiquement l'oubli, et s'en donna des maux de tête. Il resta sur l'image d'un grand type en costume noir portant des lunettes de soleil, et bizarrement, ne s'en inquiéta pas vraiment. Lynette venait de faire irruption devant lui, l'interrompant presque dans sa mélodie.
"Dis, Conrad, je vais en ville cet aprés midi...Et mes parents ne veulent pas que j'y aille seule... Je dois passer à la bibliothéque.Tu veux bien?"
La jeune fille tripotait sa couette nerveusement.
Conrad compta inconsciemment les points de suspension métaphoriques dans la phrase de Lynette, puis se résigna.
"Mon chapeau est troué sur les bords, fit-il, et le soleil trouve toujours un moyen de me taper dans l'oeil. Je crois que je vais avoir besoin de..."
Lynette sautait déjà sur place.
"Génial! Allons y tout de suite!"
Elle laissa à peine le temps à Conrad de poser son banjo et le prit par le bras. Il s'éloignérent, l'un plutôt surexcité, l'autre plutôt passif.
Lorsqu'ils furent hors de vue, quelquechose sortit discrétement des marais, s'approcha du banjo posé contre le fauteuil à bascule et gratta les cordes, juste pour voir.
Conrad s'arrêta bursquement, mais Lynette le pris plus fermement par le bras et le traîna le long de l'allée.
"Si tu ne te dépêche pas, on va rater le bus!"
Conrad soupira, mais finit par baisser les bras. Sans doute le vent, pensa t-il. Mais sans grande conviction.

La ville offrait beaucoup d'attraits pour les jeunes gens, et c'était suffisant pour que le prêtre interdise quiconque de s'y rendre sous menaces. Selon lui, il aurait fallu s'exiler dans une réserve vivre une vie d'amish et porter des couleurs jaunâtres, sans raison. Bienheureuse l'ouate pour empêcher les enfants d'entendre de pareilles conneries, pensaient les parents. Aprés ils faisaient un signe de croix et une priére, parce que quand même.
Conrad, lui, aimait bien la ville. C'était là qu'on lui avait vendu son banjo, et un stock de cordes suffisantes pour l'hiver. Aussi, les gens ne posaient pas de questions, ne se souciaient pas de vous. Tout le monde pensait à soi, et c'était bien suffisant selon lui. Il jeta des regards autour de lui pour regarder les cafés, les vitrines et les automobiles. Pour lui, ce monde qui avait délaissé le folk et la country pour entrer dans un âge de musiques électriques grinçantes et de danses stupides ne valait vraiment pas le coup. Il lui sourit quand même, par pure habitude.
Lynette ne tenait plus en place, elle voulait aller partout sauf à la bibliothéque. Conrad l'avait prévu. Il n'avait pas la moindre envie de boire un café et devoir supporter leur musique ni d'aller au cinéma. Il n'aimait pas ça. Pour lui, la vie ne dépend que de question de point de vue. Le sien lui convenait trés bien, et il n'avait pas envie qu'on essaye de lui imposer celui d'un autre. Certains auraient dit de lui qu'il était fermé à la nouveauté et aux choses de l'esprit, lui aurait répondu que c'est ce qu'il a trouvé de mieux pour éviter les courants d'air.
"Alors d'abord on va aller au cinéma, ils passent ce film, là, Dracula je crois, et bien Suzie m'en a parlé et alors..."
Conrad avait fait dériver son cerveau bien loin du flot incessant de paroles de Lynette. Il ne sentait même plus son bras. En ce moment, il pensait à une nouvelle chanson, quelquechose de nouveau, de triste et mélancolique, mais à la fois doux et rassurant...Les paroles lui venaient en tête au fur et à mesure, son esprit comblant les manques et travaillant le rythme.
"Un Vampire qui suce le sang, et puis Bela Lugosi..."
Conrad ne connaissait pas Bela Lugosi et s'en moquait bien. Mais le fil de ses pensées fut soigneusement enroulé et mis de côté dans la boite de son cerveau qui convenait lorsqu'il aperçut le chapelier du coin. Il se dégagea du bras de Lynette et se dirigea vers le magasin
"J'en ai pour une seconde", fit-il.
Il la laissa là, au milieu du trottoir à la merci des kidnappeurs, violeurs et assassins dépourvus de goût et poussa la porte de la boutique qui fit du bruit pour lui dire bonjour.
Un vieil homme a moitié chauve, cintré dans un petit costume, caché derriére de petites lunettes, des instruments de mesure sortant des poches souffla au monde entier que les préjugés, c'était ce genre de choses qui n'arrivaient qu'aux autres. Le valet de pied maçonnique décrocha un large sourire derriére lequel on pouvait lire "tire-toi vite d'ici, péquenot, avant de faire peur aux autres clients"
Conrad regarda machinalement autour de lui et vit qu'il était seul dans la boutique.
"Que puhis-je faire pour vous, mhonsieur?"
Conrad regarda l'homme, comme si quelquechose avait essayé de lui brûler l'esprit au fer blanc. C'était dans les mots, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Réflexion faite il se serait sans doute fait mal, alors il laissa tomber.
"Je voudrais un chapeau de paile, le mien tombe en...euh...miettes."
Un autre sourire de la part de l'homme, sous-entendant cette fois qu'il ne s'attendait pas à ce que le péquenot veuille un melon a cinquante dollars.
"Celui là m'a l'air trés bien", dit Conrad, essayant de ne pas prêter attention aux vagues de hane qui le poussaient inéxorablement vers la porte de sortie
-Je le prends, combien?"
Le marchand grommela un prix, et Conrad paya, obligemment. Il posa son vieux chapeau de paille à la place qu'occupait le nouveau et sortit sans se soucier des remarques sifflées qui commençaient a pleuvoir.
Lorsqu'il regarda de l'autre côté de la rue, Lynette était toujours là, regardant dans la vitrine d'un magasin de chassures. Une chance pour tout les violeurs, assassins et kidnappeurs du coin, se dit-il.
"C'est un joli chapeau que vous avez là."
Conrad n'aurait pas reconnu l'amour s'il lui était descendu juste sous le nez, pointant son arc sur ses parties et lui gueulant dessus à la maniére d'un bulldozer.
C'est pourquoi il répondit
"Euh, ouais?"
La femme en face de lui possédait de quoi faire se retourner la population entiére masculine sans même avoir a bouger le petit doigt. De longs cheveux roux, un visage d'ange. Elle portait une longue robe verte moulante qui lui descendait, il sembla à Conrad, en dessous même des pieds. Si ce dernier avait aimé, et connu le cinéma, il aurait alors pu la comparer à une version florale de Vampira. Ce qu'il ne fit pas.
Le femme lui fit un clin d'oeil, puis s'éloigna pour disparaitre au détour d'une rue. Intérieurement, Conrad se demanda si la femme transpirait beaucoup sous sa robe.
Lynette lui attrappa le bras et lui fit la scéne
"Tu crois que je ne t'ai pas vu, hein? a regarder cette..."
Conrad avait déjà décroché. Il avait replongé dans son monde de musique. Rien d'autre n'occupait son esprit.

Dans les marais, une grande figure sombre portant un haut de forme fumait la pipe dans sa cabane, et lisait le journal. La fumée, curieusement, sortait par ses yeux. Du moins, par les orifices qu'on associe couramment aux yeux. Elle ne comprenait rien au charabia que le quotidien racontait, mais riait follement aux bandes dessinées.

Dans l'obscurité froide de la chapelle, le prêtre venait d'une bougie à l'autre, son cache à la main. Voilà un travail reposant, pensa t-il, en cette journé bien chargée. Encore une fois, à l'office du matin, il avait réussi à couvrir de honte au moyen de sous entendus qu'il en était sûr, dieu le pardonne, une jeune fille de la communauté qu'il avait aperçu, il y a quelques jours de celà, embrasser un homme derriére une maisonette. Suite au discours du prêtre, ses parents l'avaient envoyé au couvent et s'étaient mis en chasse de l'homme reconnu par le prêtre, dieu sait s'il faisait noir là ou les deux pêcheurs commettaient leurs abominations, avait-il lancé à la mére, qui avait de suite réservé un chatiment pire que la mort pour le pauvre jeune homme de moins de vingt ans qui viendrait à croiser son chemin la premier avec l'air un peu trop gêné.
Le soleil tapait sur les tempes du prêtre. Dans la commune où il officiait avant, personne ne se serait risqué à commettre de telles infamies. Il venait du nord, et dieu sait si les ardeurs adolescentes sont facilement calmées par un climat gelé. Sous l'épaisse couche de vêtements, c'est tout juste si l'on arrive à se retrouver soi-même.
Il sifflota tout en éteignant les derniéres bougies, et se retourna soudain dans l'une des positions apprise chez les moines combattants d'Alaska. Il avait entendu un autre sifllement par dessus le sien. Plus ténu, plus...tranchant. D'une de ses mains, il saisit une bible d'un banc sur son côté et la pointa droit devant lui.
"Le seigneur exorcisera le démon! Retourne dans les fanges qui t'ont vu naître, rebut des enfers!"
Il resta dans cette position une bonne dizaine de minutes, les phalanges blanchies sur le livre saint. Puis il souffla. Sans doute un produit de mon imagination, se dit-it il, en y croyant vraiment. La croyance, c'était une question d'habitude. Il reposa la bible derriére lui, ne quittant pas l'obscurité de ses yeux inquisiteurs. Rien ne bougea. Puis, quelquechose qui avait fait lentement son petit bonhomme de chemin frappa durement les carillons de son esprit.
"Mais, sur quoi est-ce que j'ai posé la..."
Il se retourna.
"Sainte mére de..."
La nuit l'avala.

Dans son rêve, Conrad se voyait sur un gigantesque bateau voguant sur les mers, ce qui est tout à fait normal, mais entouré de flammes ardentes, ce qui l'est déjà beaucoup moins. Il tenait la barre fermement, et, sans aucune anxiété, traversait les torrents déchainés et zigzaguait au milieu des trainées de feu. Au bout d'un moment, il lança un baillement onirique. Mais soudain, une gigantesques vague s'éleva, portant de chacun de ses côtés deux gigantesque langes de flammes entortillées. Il distingua la forme d'un visage débordant...d'algues?
"CONRAD !"

Ce dernier se réveilla en sursaut, tanguant méchamment d'avant en arriére sur son fauteuil à bascule.
"Gné? Mal de mer..."
Il distingua une tornade de cheveux bruns en furie devant son visage, et se suprit a penser qu'il rêvait encore. C'est pour ça qu'il se rendormit.
"CONRAD!"
Cette fois il se réveilla pour de bon. La forme prenait de la conséquence.
"Salut Lynette!"
Elle le secoua de plus belle.
"Mon dieu, Conrad, c'est horrible!
-Je sais bien que mon nom n'est pas terrible, mais de là à dire que..."
Elle se jeta sur lui et il failli basculer en arriére.
"C'est le prêtre, Conrad, il est...Il est...
-Mort? hasarda le jeune homme
-C'est affreux, reprit-elle en pleurant de plus belle, et en souillant ma chemise, remarqua Conrad.
-Et bien, reprit-il en l'écartant et la maintenant de ses bras, il doit être au paradis. Quelque chose me dit qu'il n'y a pas beaucoup d'infidéles là haut, non? Il doit s'y sentir comme un coq en pâte!"
Une petite voix dans la tete de Conrad lui souffla que le prêtre s'ennuyait sans doute à mort là-haut. Mais, Conrad ne croyant pas au paradis, il décidé de mettre ces images mentales de côté.
"Où est-ce que ça c'est passé?"

Elle le conduisit jusqu'à la chapelle, pleurnichant et reniflant sans cesse. Déjà un groupe de badauds était attroupé devant le parvis, les plus braves essayant de jeter des coups d'oeil timides à l'intérieur. Conrad fit place nette, abandonna Lynette  devant le batîment, et entra dans le saint-sanctuaire. Il n'avait jamais mis les pieds dans la chapelle, et par conséquent fut surpris de la sobriété du lieu. Pas étonnant qu les gens soient concernés à ce point par la mort, dans un endroit si triste. Conrad remarqua les taches de sang sur le sol en pierre. Une bible était posée au milieu. Conrad la ramassa. pour l'avoir suffisament eue secouée sous le nez pendant ces derniéres années, cela ne faisait aucun doute que le prêtre avait tenté de se protéger, voire d'attaquer. Si les symboles sacrés brûlent les démons, alors s'attaquer à un prêtre revient à l'équivalent d'un bain de bouche à l'acétone. Le tueur n'est donc pas un quelconque monstre des basses fosses benu profiter du climat. Mais aprés, pouvait-il en être sûr? Le prêtre était persuadé, pour les objets sacrés et tout le bazar, mais est ce que les démons l'étaient, eux? Aprés tout la seule migraine que lui, l'hérétique, avait jamais reçu de la part de dieu, c'était uniquement le jour ou le prêtre avait décidé de lui cogner sur le crâne avec une vierge Marie en contreplaqué pour l'exorciser. Quel que soit le pouvoir des livres, pensa t-il, ils ne faisaient pas le poids contre une bouche remplie de dents acérées, et capable de...grimper au plafond en soulevant un homme de cinquante kilos sur son dos...
Ses yeux suivaient les traces de sang qui remontaient jusqu'aux charpentes. Cette fois là, le corps n'avait pas été emmené dans les marais.
La créature, d'abord méfiante, prenait de l'assurance. La maison du juge était située aux abords des marais, tandis que la chapelle se trouve de l'autre côté du village, prés du chemin de terre.
Conrad se demanda quand il allait voir la créature de ses propres yeux.

Dans les marais, une haute silhouette noire fumait la pipe, devant son porche. Elle se balançait docilement au rythme du vent. De temps en temps, un bruit mat la forçait à se baisser pour ramasser quelquechose. Puis un bruit, "cloc!", pour laisser place au grincement régulier de la chaise à bascule, se balançant au rythme du vent, et de la musique.

Lynette ne dormait pas ce soir là. Elle était allongée sur son lit, la lumiére tremblotante de la bougie suspendue au plafond lui donnant juste de quoi finir son livre, intitulé : "Le château endormi"
Elle baîlla. C'était son passage préféré. Celui où le beau prince arrivait sur son destrier blanc, coupait les ronces et donnait à la princesse un chaste baiser pour la réveiller. Elle soupira longuement. Elle s'imaginait, elle, chevauchant son destrier blanc, allant sauver son amour dans un chateau ou tout le monde dormait à...Un bruit lui fit relever la tête. Elle regarda par la fenêtre, et vit une forme passer dans la rue. Qui cela pouvait-il bien être à cette heure de la nuit? Encore nimbée par son histoire de chevalier sans peur, elle enfila son manteau, soupesa un tisonnier et sortit dans la nuit épaisse.

Le monde tournait sur lui même. Le soleil se levait dans un coin pour aller se coucher dans un autre, comme on en a vaguement l'idée. Et ce soir là, le tissu de la réalité se déchire lentement, comme de la soie bleue, pour laisser passer la musique. La musique du marais.

Lynette s'avançait doucement dans la nuit, et, au détour d'une ruelle, se plaqua contre un mur. Quelqu'un lui disait que quelque chose allait se passer. Et elle ne serait que spectatrice.

Le rideau des marais s'ouvrit sur un concert de croassements et d'eau sourde. Conrad était assis au milieu de la rue, entre sa maison et celle du juge, d'apparence calme et serein.
"C'est donc vous qui avez pris mon banjo?"
La femme lâcha un petit rire discret. Le genre de rire qui remonte directement dans le creux des reins sans passer par la case oreilles, qui affute les sens. Un appeau à hommes.
Elle s'avança doucement vers Conrad, en ondulant des hanches.
"Vous êtes trés brave, dit-elle en secouant la tête, faisant voler ses cheveux oranges dans la nuit, pour rester seul dehors par cette nuit..."
"Pas la peine de jouer avec moi, dit calmement Conrad, vous savez trés bien ce que je fais ici, et je sais pourquoi vous êtes là"
La jeune femme sourit.
"Je crois avoir deviné, oui...Je crois, que vous voulez venir avec moi...Vous en avez marre de cette vie sans but dans ce trou à rat, et vous n'aimez pas les gens, je me trompe? Mais moi...Je sais que vous pourriez m'aimer. J'y mettrais toute ma volonté..."
Elle s'avançait toujours, en se passant le doigt sur les lévres.
"Vous n'avez pas envie? d'essayer? Je vous promets que vous n'avez aucune idée de ce que je peux faire pour vous."
Conrad se sentait bizarre. Quelquechose brûlait dans son corps. il sentait ses doigts le picoter, et, pour la premiére fois dans sa vie, il n'était plus maître de lui-même.
"Vous voyez? Vous brûlez d'envie...Levez vous, et venez prés de moi..."
Conrad se leva machinalement. Son estomac le torturait. Il ne se sentait pas dans son assiette, mais curieusement, savait que cette tension s'apaiserait dés lors qu'il pourrait toucher la femme. Il s'avança vers elle, essayant de maitriser ses pulsions, mais n'y parvenait pas. Il arriva a sa hauteur. Elle approcha son visage du sien, ferma les yeux. Il les ferma à son tour, conscient que ce qu'il allait faire était mal.
"VOUS ME RENDEZ MON BANJO! MAINTENANT!"
Les mots étaient sortis, le reste suivait.
Conrad lui asséna un violent coup de poing sous la mâchoire, qui l'envoya voler dans les feuillages.
"Pour qui me prenez vous, hurla t-il, vous avez tué ces personnes, et vous m'avez volé ce que j'avais de plus précieux au monde. Vous ne méritez rien! Vous un un horrible monstre, quoi que vous fassiez!"
La femme se releva, la joue rouge, une masse de cheveux roux en bataille. Elle s'avança vers Conrad, cette fois en ondulant le long de son corps. Si c'était une robe, elle n'était pas ordinaire.
"Comment osez vous!? Frapper une femme!"
Elle hurlait désormais.
"Conrad!"
Il se retourna, Lynette lui lança le tisonnier. Il l'attrappa au vol.
Le rire de la femme venait des profondeurs de sa gorge. Un rire mauvais et malsain.
"Tu crois pouvoir me faire mal avec ça?"
A peine avait elle prononcé ses mots que sa bouche s'ouvrit en grand. et s'élargit, de plus en plus Conrad restait là, sans bouger, les yeux fixés vers l'immense gueule qui béait devant lui. Ses jambes refusaient d'obéir. C'était fini. Il ferma les yeux.

Un immense accord retentit dans la nuit. Un accord dissonant, primitif, sauvage. Brut.

Conrad ouvrit les yeux.
La femme serpent, l'immense gueule désormais fermée, gisait devant lui. Il leva les yeux sur une silhouette sombre comme l'éternité. Avec un haut-de-forme.
"Merde", lacha t-elle.
La silhouette laissa tomber les restes du banjo par terre, sortit une canne de sa veste, puis s'ava,ça vers la femme serpent. Elle lui souleva la gueule.
"Si aprés ça, elle comprend pas, fit une voix dans la tête de Conrad.
Celui-ci sentait que ses yeux voulaient lui sortir des orbites, il cligna des paupiéres.
"Je suis le baron samedi, fit l'homme, en quelque sorte le...propriétaire des marais."
Il tendit une main vers Conrad, qui sentait son esprit se déchirer en deux.
Il lui serra finalement la main. Le toucher était froid.
"Excusez moi, fit Conrad, mais, j'ai dans l'idée que vous etes un...
-Oui? fit obligemment le baron
-Un squelette?
Le baron souleva son chapeau et plongea ses orbites dans les yeux de Conrad. Qui ne scilla pas.
"D'accord, fit il, vous êtes bien un squelette. Excusez moi encore une fois, mais, est-ce que c'est...mon banjo?"
Il pointa le petit tas informe posé sur le sol.
"Et bien, des notes de gêne semblaient sortir de la bouche du baron, pas vraiment... Mais, suis moi, je vais tout t'expliquer."

Dans un coin du village, un horrible petit lutin noir ramenait Lynette chez elle. Dieu sait comment, elle s'était endormie.

Ils marchaient d'un pas rapide à travers les marécages, et Conrad peinait à suivre. La où le baron Samedi semblait machinalement flotter par dessus le paysage, Conrad s'enfonçait le pied dans un liquide noirâtre et gluant.
"Vois-tu, commença le Baron tout en marchant, ces marais sont sous mon commandement, ma domination, si tu préféres"
Conrad hochait la tête dans le noir.
"Mais depuis quelques temps, quelqu'un diminue ma prise sur le terrain. Je ne sais ni qui ni comment, mais la créature là n'aurait jamais du sortir de mon domaine."
Le Baron portait la bête sur les épaules. Son énorme mâchoire pendouillait misérablement de son épaule, et se balançait de gauche à droite en rythme. Elle cogna contre un arbre. Conrad détacha son regard de ce phénoméne et cligna des yeux plusieurs fois.
"Ah. Nous y voilà."
Le baron s'approcha de la petite porte et se glissa en dessous. Conrad avança tout droit, se cogna la tête, puis finit par entrer. C'était une petite chaumiére, avec un feu de cheminée, quelques couverts ici et là, une table et deux chaises.
"Assieds-toi"
Conrad obéit, et le Baron Samedi s'installa en face de lui. Il ôta son haut-de-forme et joignit les deux mains sous son menton. Conrad se demanda si on parlait bien de menton quand on décrivait un crâne poli. La réponse temporaire fut oui. sans doute.
"Bien, allons droit au but. j'ai besoin de toi. Et de ta musique."
Le baron sortit ce qui  restait du banjo et le fit pendre lamentablement au dessus de la table.
"On dirait que je ne m'en sors pas trés bien tout seul, reprit il, mais peu importe. Vois tu, le marais réagit trés bien à la musique. Et si je perde mon emprise, toi, tu peux m'aider à la conserver. Et non, fit le baron en voyant la tête de Conrad, tu n'y es pour rien dans ma perte de pouvoir, ce serait beaucoup trop facile. La musique joue un role à part."
Le baron sortit un banjo d'un tiroir et le tendit a Conrad.
"C'est le tien, fit le baron...j'avais besoin d'une base pour essayer de m'en fabriquer un, mais..."
Il pointa un doigt squelettique sur le banjo brisé au milieu de la table
"je ne suis pas trés bon, de toutes façons"
Lorsqu'il sentait un morceau de personnalité du Baron Samedi, Conrad le voyait bêtement glisser entre ses doigts. Mais il n'y avait pas de doutes, le "je ne suis pas trés bon" ne signifie qu'une chose à l'oreille d'un musicien. Il a bien fait d'abandonner, pensa Conrad.
Le baron replia son doigt squelettique.
"Voilà mon offre. Si tu ne m'aides pas, tout le monde dans ton village en pâtira. Je ne peux rien y faire.
-Ca ne me paraît pas vraiment un choix, je serai un monstre si je refusais."
Dans son esprit, une image de cavalier sur son destrier mauve vint flotter mollement. Conrad la repoussa d'un geste de la main.
"C'est d'accord", fit-il.
Le Baron Samedi sourit de toutes ses dents.
"Splendide..."

Dans les marais, plus grand chose ne bouge. Les animaux, les insectes et le reste sentent le changement dans l'air, comme un rythme mélancolique et triste, mais rassurant et reposant.
Le marais vit.
Et il attend le prochain mouvement.

22 décembre 2007

Erased

The truth is, well, you know...Asylum things, etc...
Before, all of this was only, err, i mean only, one of my worst fears. And when i mean fear, i mean something far worse than death, or anything. You know, madness, insanity, that sort of things.
Just the fear of a big white room with no lights at all, surrounded by psychos.
Well...I have this big white round with no lights. I live inside most of the time.
For the rest, just the basic things...Haven't eaten anything in...oh, almost twelve days now.
I guess this is one of the reasons why i'm starting to feel a bit strange.
This is weird. My body has no strength at all, as i can barely get up from my bed and move down here, but i don't feel like sick, or something.
If each human being have a scale to balance beetween sadness ans hapiness, well i'm just stuck exactly in the middle. No joy. No sorrow. Not even boredom. All the days are just passing by, slowly.
Hey, i don't feel great. And i don't feel bad. I just don't feel anything. Kind of.
Let's just see now. Let's just see how far i can go into this.
Godspeed to me. And Merry Christmas.

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6 décembre 2007

Publicité Honteuse

Des fois, on écrit des trucs, des fois on fait de la musique. Et des fois, des fois...
On fait Rambervillers.

Petits veinards, voilà le lien!

http://my.zikinf.com/rambervillers

20 novembre 2007

Yéééééé! Dinosaurs!

tyrannosaurus

Dinosaurs are so awesome. To the max.
Une chose est sûre, je n'aimerais pas croiser cette horreur dans la forêt. Ni ailleurs.

20 novembre 2007

L'Artiste des Os

Le rat rôdait sur les rebords d'eaux usées de la vieille Londres. Et tout les jours voyaient défiler leurs lots de corps.
Pas plus tard que ce matin, un ivrogne avait chuté dans l'eau bourbeuse et c'état lentement enfoncé, tenant inutilement de brailler à l'aide. Quelques fois c'étaient les prostituées, qui, lassées des menaces et des couteaux, de l'alcool et des maquereaux, attrapaient le premier objet lourd à leur portée et se laissaient entrapiner par le fond. Quelquefois les os remontaient, pour le plus grand plaisir du rat. Il pouvait pas les ronger, trop boueux et déjà attaqués par l'acidité. Et quelquefois il plongeait lui même son museau dans la tourbe pour aller en chercher de plus frais.
Il y avait un homme, prés des quais, qui lui donnait toujours lait et fromage quand il lui rapportait quelques os humains. Alors la vie était belle.
L'homme en faisait des theiéres, des tasses, sculptait les crânes pour décorer sa porte d'entrée.
C'était un vieux monsieur déjà, vouté, le cheveu rare au centre de son crâne, et gris ébouriffé sur les côtés. Il présentait tous les critéres pour appartenir à la catégorie des savants fous, selon la norme des mauvais films hollywoodiens, et cela l'amusait d'appeler le rat Igor, quand celui-ci était dans les parages. Mais le plus surpenant, c'était sa bonté maladive. Le vieil homme débordait d'altruisme, et devait déployer des trésors de volonté pour s'empêcher de pleurer chaque fois que le rat lui ramenait un os.
"Vois-tu, Igor, voilà encore une vie de gâchée, embourbée par la maladie des hommes. Ou est passé l'amour, la joie, l'avenir de cet homme? Ou de cette femme, soupira t-il. Dans la vase! Et il ne reste plus que les os, qui finiront eux aussi par disparaître!
Igor, je n'essaie pas seulement de perpétuer la mémoire de ces gens qui se croyaient trop inutiles, trop mal lotis dans leur ancienne vie...Je leur donne un rôle, a chacun. Et tel homme de bourse se retrouve mélé à la prostituée dans un admirable assortiment de couverts et d'assiettes. C'est le moins que je puisse faire pour eux."
Le vieil homme soupirait, et regardait par la lucarne au plafond. La lune dispersait timidement sa lumiére sur le sol en bois vermoulu, sur le petit atelier et les schémas qui le recouvraient, et puis les os. Polis, lavés, taillés, sculptés, ils devenaient de parfaites imitations de théiére, surpassant dans la qualité porcelaines et ivoires.
Aucun des badauds n'aurait jamais pu imaginer la provenance de ce petit service acheté pour l'anniversaire de sa femme. Acheté à ce petit homme à la moustache blanche finement peignée, au costume impeccables et aux rares cheveux soigneusement peignés sous un petit chapeau melon.
Le rat observait parfois les gens venant acheter les merveilles du vieil homme. Aprés tout, il faisait partie du petit engrenage bien graissé qui amenait ces services à thé dans les salons de la petite bourgeoisie. Et il souriait étrangement. Ce petit vieux avait le sourire le plus sincére de toute cette ville abominable. Les gens les plus maussades se surprenaient eux même à aimablement rendre un léger rictus, puis une large face souriante à ce petit homme, sans importance, qui faisait de si beaux services à thé.
L'artiste des os ne dépensait jamais son argent dans des choses futiles. Juste ce qu'il lui fallait pour vivre et récompenser le rat, qui faisait grand cas de ces attentions fromagéres. Quelquefois, cependant, il achetait une large bouteille d'alcool au marché. Rien de bien méchant, mais c'était sa seule folie. Rentré chez lui, il montait sur le toit au moyen d'une petite échelle dans un coin de l'atelier, recouverte de poussiére. Et au sommet de sa petite tour, il ouvrait la bouteille et pensait.
Il buvait et se projetait dans l'avenir. Ou encore prenait le train dans l'autre sens et se souvenait. Se souvenait de sa femme, décédée quelques années auparavant, de ses enfants, tous partis pour d'autres pays, d'autres contrées, parfois lui écrivant une lettre pour lui raconter les magnifiques paysages qu'ils avaient la chance d'admirer. L'un d'eux était en Afrique. Un continent dangereux, sauvage, ou les hommes cultivés essayaient d'apprendre la civilisation aux peuples sauvages de ce vieux pays. Une fois ou deux, le vieil homme avait essayé de reproduire l'un de ces chasseurs noirs que son fils lui avait croqué dans une de ses missives. Mais le résultat ne lui convenait pas, il n'était pas doué pour représenter des êtres humains. Son autre fils était parti arpenter les routes avec un carnaval. Il n'aimait pas cette ambiance, ces lumiéres, ces gens maquillés et le bruit.
L'artiste des os frissonait quand il y pensait. Mais son fils semblait heureux dans ce mode de vie, en tout cas comme en témoignaient ses lettres. Il y avait d'étranges hommes, contrefaits, avec le coeur sur la main, des clowns blancs, l'homme le plus fort du monde, des acrobates cracheurs de feu et des personnes de petite taille.
Lors de leur représentation dans la ville du vieil homme, il n'avait pas eu le courage d'affronter ces gens et de s'y rendre.
Et la bouteille diminuait petit à petit. Et le vieil homme sanglotait, car une idée lui trottait dans la tête depuis longtemps déjà.
Et ce fut une nuit de ces nuits, où le rat lui avaut ammené un magnifique tibia, que l'artiste des os prépara les schémas de sa derniére création.
Cette création lui demanderait beaucoup de travail et de concentration. Enivré et exalté par la bouteille désormais à moitié vide, il se mit au travail.
Sans un cri, sans un bruit, il saisit sa scie et se débarassa de son bras droit.
Le rat, tapit das l'ombre, rongea la chair et nettoya les os.
De son unique main, il sculpta carpes et métacarpes.
Puis la matiére vint à lui manquer. Crachant sur le tibia du rat, il scia à la cuisse sa jambe droite. La chair était vieille et fragile, et l'artiste des os ne se souciait plus de la douleur. La création l'ha bitait, et il l'enretenait à l'alcool, en versant directement sur les plaies mal bandées.
Et encore une fois, il manqua d'os. Son autre jambe y passa. La rat rongeait sans relâche, impatient de voir l'oeuvre du vieil homme achevée.
La piéce se remplissait de sang, et les os empilés flottaient dans cette ignoble mare.
Et puis, aussi vite que cette folie créatrice avait commencé, elle finit par s'évaporer dans un souffle.
S'aidant de son unique bras, le vieil homme rampa jusqu'à la porte.
Il rampa, encore et encore.
Passa par dessus le bord.
Et fut englouti par les eaux usées, en ayant une derniére pensée pour celui qui retrouverait ses os lavés par la crasse et l'acidité.
Dans le petit atelier, éclairé par la lumiére de la lune, une petite statue, finement ciselée, d'un petit homme sans trop d'envergure, sculptant un cubitus pour en faire des cuilléres.
Et si les rats pouvaient parler, voilà ce que le notre dirait:
"Voilà au moins des os qui mériteraient d'être rongés"
Et c'est ce qu'il fit.

3 novembre 2007

Rouge Cardinal

le ciel est rouge, et de fracassants éclairs vermillons tombent partout à l'horizon. La lueur baigne les prés tout autour de chez moi, et les arbres s'enflamment, les uns aprés les autres.
La chaleur est devenue insupportable.
Katrina est couchée, la couverture relevée sur son épaule. Assis sur le rebord de la fenêtre, de biais, je ne vois que son cou et ses cheveux, brillants des reflets cuivrés de l'apocalypse au dehors.
Je me passe la main sur le visage, et regarde ma paume. J'ai perdu l'auriculaire et l'annulaire de la main droite, et je dois porter un gant pour cacher ce qui n'est plus là. C'est absurde.
Le vent chaud monte jusqu'a mon visage, et je dois me retenir de ne pas basculer sur le plancher.
De vastes champs à pertes de vue. J'ai l'image d'autres pays, de pays où la neige coule sur les routes et de gigantesques plaques de verglas font glisser hommes et animaux jusqu'a de gigantesques cuves naturelles gelées. On est toujours mieux ailleurs.
Je ne les envie pas, mais je voudrais offrir à Katrina une meilleure vie. Quand est-ce que son esprit ne pourra plus supporter le décor environnant, je ne sais pas. Nous n'avons pas encore perdu la raison car nous nous aimons, mais cela ne durera pas. Les montagnes s'effondrent l'une aprés l'autre dans de gigantesques bourbiers infectés de pestes et de germes. Nous tomberons aussi.
Je ne peux qu'espérer que la mort vienne nous chercher en main propre avant qu'ils ne nous tombent dessus. Ils vivent au delà des plaines, sous les éclairs. Ils sont forts, ils sont fous. Et ils étaient humains.
Désormais ce ne sont plus que des prototypes d'une nouvelle race ne connaissant aucun sentiment, aucune pitié. L'invasion dominée par une intelligence supérieure inconnue, peut être inexistante.
Je les entends dans les murs.
Je les entends au plafond.
Je les entends sous mes pieds.
Katrina ne doit pas savoir qu'ils sont là.
Ils essayent de me rendre fou, de m'avoir à l'usure, mais je ne me laisserai pas faire.
Katrina est jeune. Katrina est fragile. Seul le fait de penser à l'un de leurs doigts touchant sa peau vulnérable suffit à me faire hurler,tapi dans un des coins de la piéce, veillant sur elle.
Mais je ne fais aucun bruit. J'ai appris à hurler en silence, la tête enfouie dans mes mains.
Je ne veux pas qu'elle s'inquiéte pour moi. Il faut d'abord qu'elle s'occupe d'elle même, qu'elle reste jeune et belle.
Tous les jours je lui fais boire de l'eau filtrée. Et quelque fois, Katrina se léve, et me prend dans ses bras.
Je me permets alors de relâcher ma garde quelques instants. Mais je ne peux pas m'abandonner. Ils n'attendent que ça. Je n'ai pas dormi depuis une éternité.
Leurs mains grattent quelquefois le rebord de la fenêtre. Je saisis alors prestement un couteau et je leur tranche les doigts, un de plus pour chaque souffrance infligée à mon pauvre esprit déjà malade.
Mais je ne peux pas devenir malade. Pas tant que Katrina est là. Elle ne doit rien voir, rien deviner.
Ma propre souffrance m'aide à me préserver de la folie. Un doigt, puis l'autre. Un troisiéme viendra bientôt.
Mais un beau jour, je n'en aurai plus suffisament. Je dois toujours garder à l'esprit, toujours me souvenir que j'ai besoin de ma main encore valide pour me mutiler.
D'abord les doigts, puis les orteils. Je ne marche plus beaucoup. Et je n'ai pas l'intention de fuir.
Là bas les choses nous guettent, et elles sont bien plus rapides que Katrina et moi. Elles volent, rampent, courent plus vite que le vent. Elles écorchent et boivent le sang.
Je ramperai alors jusqu'au reservoir pour filtrer de l'eau.
Il ne faut pas que ce moment arrive. Je ne peux pas demander à Katrina de me trancher un doigt.
Je dois tenir le plus longtemps possible. Les murs sont recouverts de marques indiquant les jours.
Je n'arrive pas à les compter, elles sont si nombreuses. Je ne sais plus compter. Cela ne sert plus à rien. je me contente de protéger Katrina. Le soleil rouge et les éclairs tombent au loin, brûlent l'herbe et l'eau.

Elle est partie. Katrina a disparu. Ma main gauche n'a plus de doigts. Je n'ai plus besoin de gants désormais.
Je n'ai plus qu'une seule chose à faire.
Je prends le couteau dans ma main droite.
Je ferme la fenêtre.
Je transperce un de mes yeux.
je hurle en silence.
J'ouvre la porte.
Je pars à sa recherche.

Mon oeil droit est douloureux. Avec ma main, je remplis une outre d'eau. Katrina doit avoir soif. L'eau est devenue rouge, et goutte le long du réservoir.
Elle goutte du plafond, des placards. Le sol prend une teinte carmin.
La maison entiére coule sur elle même. Le sang m'arrive désormais aux chevilles.
Je les entends se moquer, derriére les cloisons. Ils veulent me noyer dans leur propre sang.
Mon oeil n'est plus douloureux. Je plante le couteau dans mon épaule gauche, et je me dirige vers la porte d'entrée.
Je sais qu'ils sont des dizaines dehors. Je sais que Katrina est certainement déjà morte, et les larmes me montent à l'oeil à cette pensée. Des larmes rouges. Fini le rouge du désespoir. Fini le rouge du sang.
Ce rouge à le goût de la colére.
Ils l'ont enlevé en passant au travers des murs, en volant au dessus de ma tête, en creusant le plancher et en ricanant silencieusement.
"Maman, je sors. J'ai des choses à faire."
le mur piailla et s'affaissa.
J'ouvris la porte, le couteau couvert de sang entre les dents.

20 octobre 2007

Je Vois Des Oiseaux Flotter Dans Mon Café

Ma tête. Pourquoi est-ce qu'ils me brûlent?
Ils sont quatre, chacun sur un mur de la piéce. Le premier est vieux et parle très fort. Son babillage est incompréhensible. Le second est mort et ses dents de squelette claquent sans cesse. La troisiéme ouvre et ferme la bouche, et de temps à autres crie, un cri aigu et inaudible. Le dernier rebondit de chaque coin du mur en parlant italien.
Je sais que tous m'en veulent, pour quelque chose que je n'ai pas encore fait. Mais ils savent. C'est écrit. J'ai tué leurs péres, leurs enfants, et mangé leurs os. Le squelette lit dans ma pensée et tend vers moi un tibia lourd de menaces. La femme est maintenant à l'envers et marche au plafond. Je vois des milliers de bébés à sa place sur le mur. Ils hurlent à tour de rôle. Le vieux parle fort et les avale dés qu'ils ont fini de hurler. Sa panse grossit à vue d'oeil.
L'homme Italien bondit désormais d'un mur à l'autre, laissant derrière lui une trainée de fumée, qui ne manque pas de faire tousser les bébés et le squelette. La femme au plafond est en train de s'attaquer au plâtre avec ses grandes mains décharnées. Les bébés disparaissent les uns après les autres. Le vieux devient énorme et parle de plus en plus fort. Son ventre est déformé par des dizaines de petits bras et de petites têtes.
Je suis assis, au milieu du sol, en tailleur. Ils n'osent pas encore descendre à mon niveau. mais lorsqu'ils arriveront, que suis-je supposé faire? Je sais très bien qu'ils n'attendent qu'un moment de faiblesse de ma part, et je ne céderai pas. Des fois mes yeux se ferment doucement et je somnole, mais leurs cris de joie me raménent à la réalité. Il n'y à plus de porte, plus de fenêtres. Le squelette les garde jalousement à l'intérieur de sa cage thoracique. Ils m'en veulent. Et ils veulent aussi me faire souffrir.
La femme piétine rageusement au plafond, et je m'aperçois qu'elle à ouvert une conduite d'eau. Qui coule sur le crâne du squelette, qui se met doucement à regarder vers la source de cette agitation.
Peut être, oui. Peut être que c'est ma chance. Ils vont s'entre dévorer, et je n'aurai qu'à ramasser une porte où une fenêtre parmi les restes de la bataille. Le vieux n'a aucune chance, mais il est devenu suffisament massif pour résister. Le squelette est friable, et la femme est en position d'infériorité, au milieu de tout.
Je me demande quel rôle va jouer ce curieux personnage bondissant. Mes yeux se ferment. Se rouvrent.
Le squelette commence à grimper vers le plafond, étirant un os après l'autre. Le vieux s'intéresse à l'action. Il grimpe lentement en avalant encore plus de ces bébés. Les hurlements sont maintenant étouffés par plusieurs couches organiques, et les premiers nés doivent commencer à se dissoudre dans l'estomac du grabataire. Et l'homme rebondit. Jusqu'a buter contre le dos du squelette. Celui ci ouvre grand la bouche, mais la femme en profite pour cracher une bile verdâtre sur l'avant bras en os. Il commence à fondre et le squelette hurle, de sa voix profonde et grave, venant d'en dessous même de l'outre tombe. Le vieux saisit sa chance, et rampe jusqu'au plafond. Il commence par avaler les jambes de la femme, et avance à la maniére d'un serpent obése, les petits bras d'enfants formant une créte sur son désormais long et large ventre. Le squelette frappe de son bras encore fumant l'homme rebondissant au vol, qui va s'écraser contre le mur d'en face, pour ne plus laisser qu'une tâche rougeâtre sentant le souffre à plein nez.
La femme vomit plusieurs litres de cette infâme liquide, qui, se mélant à l'eau de la conduite, coule sur le squelette qui se met à fumer de plus en plus. Il fond.
Le vieil homme n'a plus désormais que la tête de la femme à faire rentrer dans sa bouche.
Cela fait, c'est à ce moment que tous les bébés ingurgités poussent un grand et retentissant dernier hurlement, qui, mélé à la bile de la femme à moitié déchiquetée par les puissantes dents, font exploser le ventre de l'homme serpent, dans un torrent de liquide jaune et noir et de restes à demi digérés de bébés.
Saisissant ma chance, je me dirige vers les morceaux d'os fumants, relève la porte, tourne la poignée et bondit de l'autre côté.
Je me réveille, soudainement. Tout cela n'était donc qu'un rêve?
Le squelette, le vieil homme mangeur d'enfants, la femme et l'homme bizarre qui rebondit de mur en mur sont maintenant sur le plancher. A mon niveau. Et ils me regardent, en souriant.
Ce n'était qu'un rêve, pensais-je en pleurant.

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